Aussi puissants que soient les Etats-Unis, ils n’auraient jamais pu évoluer seuls, entre des pays hostiles. Rapidement, grâce à de fortes alliances, et sens doute d’importants, très importants pots de vin, le Canada et son Québec ont suivi le mouvement. Les caméras se sont implantés dans les plus grandes villes, les centres de vidéosurveillance se sont multipliés, et s’il est toujours possible pour les ennemis du régime de se planquer dans un coin reculé du Canada, la vie n’est pas toujours facile, et ils n’ont pour le moment aucun moyen de lutter contre leur gouvernement, bien que certains pays du Moyen-Orient, contre la suprématie américaine, fournissent les résistants en armes diverses. Mais pour le moment, rien n’avance.
Du côté du Mexique et de l’Amérique latine, les choses ne vont pas beaucoup mieux. Après avoir envisagé de dresser un mur entre leur merveilleuse nation et les Autres du Sud, les dirigeants Américains ont très vite compris que l’absence de contrôle sur ce qui se passerait au sud les mènerait à leur perte. Lentement donc, ils ont commencé à épier, à modifier, à jouer avec les frontières et les gouvernements, jusqu’à ce que les pays d’Amérique Latine forment l’Alliance du Sud et rejoignent les Etats Unis dans leur fanatisme du contrôle.

Comment l’Europe pourrait-elle cautionner une telle offense aux Droits de l’Homme ? Si elle n’agit pas, souhaitant éviter à tout prix le drame d’une troisième guerre mondiale risquant d’être encore plus dévastatrices que toutes celles connues jusqu’alors, l’Europe et ses alliances, ses organismes et ses unions tente de s’assurer le soutien d’autres puissances, au cas où un affrontement serait inévitable. Devenue extrêmement proche du Japon, ayant oublié pour un temps les problèmes de la Burqa ou des Minarets et de toutes ces choses qui paraissent aujourd’hui sans importance, l’Union Européenne englobe aujourd’hui quelques nouveaux pays à l’Est, et aimerait bien s’assurer le soutien de la Russie, dont le parti Libertaire promet une alliance et un pacte pour repousser l’oppression, avec ses traités et ses meetings au sommet, l’UE tente comme elle peut de ne pas montrer sa peur, et de rester inébranlable, ce qui n’est pas facile, d’autant qu’ici aussi, les manifestations tendent à paralyser le pays. Ceux qui veulent protéger les peuples opprimés, ceux qui se savent en sécurité et réclament simplement une augmentation des salaires ou une amélioration du système scolaire, permettent de rendre ces pays inchangés, laissant espéré que le Monde retombera sur ses pieds. Jusqu’à ce qu’un incident provoque l’inévitable, et que la guerre s’installe.

Si en Afrique, la situation n’est pas toujours claire, elle reste tout de même moins sensible qu’en Asie, où chaque événement menace la sécurité de tous. Au Nord, à l’image de l’Algérie, l’Afrique est clairement placée du côté de l’Europe, constituant même une alliance entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Lybie, afin d’éviter tout débordement. Au sud en revanche, la République d’Afrique du Sud et Madagascar se sont liées avec les Etats Unis et en 2008, les deux gouvernement forment l’Union Démocratique Populaire d’Afrique, sous l’égide d’un gouvernement unique. Pour le reste du continent, la situation est restée inchangée. Certains n’ont pas plus de caméras qu’ils n’ont d’eau, d’autre n’ont pas laissé les Américains s’installer chez eux bien longtemps. Mais pour la plupart, c’est le désintéressement des Etats-Unis les jugeant insignifiant qui leur permet de conserver cette neutralité, faisant barrière entre le Maghreb et l’Union, évitant ainsi tout conflit sanguinaire qui réduirait le continent à l’état de Terre aride et inhabitée. Car nulle doute que si un conflit d’envergure devait éclater, ce serait là que les premiers drames auraient lieu, et qu’il n’y aurait que très peu de survivants. Certains déserts servent d’ailleurs à l’entrainement de troupes Américaines ou Européennes, juste au cas où.

La situation au Moyen Orient n’a jamais été simple, et ce n’est pas prêt de changer. Si Chypre, avec l’Egypte et la Turquie, ont signé le NTDDH (cf Japon), le reste du Moyen-Orient et Proche-Orient est toujours tiraillé entre suivre l’exemple Américain, en profiter pour dominer le peuple et écraser les religions minoritaires, ou se libérer en suivant l’Europe dans sa préservation de la liberté. Difficile donc de déterminer à l’avance de quel côté penchera la balance, en particulier pour la Péninsule Arabique, ou Arabie Saoudite et Emirats semblent hésiter entre les deux camps, appréciant d’un côté le pouvoir que leur offrirait un régime sécuritaire, et d’un autre, dépréciant le tort qu’une telle surveillance pourrait causer au tourisme, de toute façon mis à mal par le gouvernement américain qui tente de faire pression en réduisant les vols touristiques vers la Péninsule. L’Irak, sous domination Américaine, a vu le système de surveillance s’installer dans ses rues, et sa population se soulever une fois de plus contre l’envahisseur bref, c’est une part de monde que s’arrachent les puissances, sans trop se soucier des dégâts causés. Seule la fin justifiera les moyens.

Si entre la Russie et les Etats-Unis les relations ne semblent pas toujours au beau fixe, le gouvernement Américain reconnaît les efforts des Russes pour appliquer le régime sécuritaire, et est prêt à les soutenir. Les deux anciens ennemis sont donc, malgré quelques conflits d’intérêts, maintenant alliés. Et pourtant, la Russie n’a pas encore adopté le Parti Unique et la vidéosurveillance politisée. Face au Parti Populaire Sécuritaire, de nouveaux partis ont vu le jour, plus forts que jamais, comme le Parti du Peuple ou les Libertaires Russes. Du coup, malgré la militarisation du Parti principal (une partie de l’armée à leur solde, leurs propres services secrets…), le pays ne parvient pas à copier l’American Dream. De plus, les manifestations y sont fréquentes, particulièrement à St Petersburg ou le peuple tente d’instaurer une nouvelle capitale, un nouveau régime, plus sûr et certes, pour le moment totalitaire, qui permettrait d’évincer définitivement le PPS. Entre destruction des caméras et cours de tyrannie auprès des Etats Unis, difficile pour la Russie de savoir où donner de la tête.

Entre la Chine et les Etats-Unis, les relations n’ont jamais été aussi idylliques. Partageant un mode de pensée encore plus qu’un mode de vie, les deux Pays qui ont autrefois connu un certain nombre de désaccords et de heurts sont aujourd’hui alliés, pour le meilleur et pour rien d’Autre. Après le Canada et l’Amérique du Sud, et avec Singapour et le Japon, la Chine parvint à passer à un régime sécuritaire, nommé là bas le Parti Populaire Permanent. Pas besoin pour ce gouvernement de cacher ses intentions, rien ne le fera descendre du piédestal où il s’est hissé. Pour le peuple chinois, qui connaît d’ailleurs très peu de manifestations et d’ennemis du nouveau parti unique, ce PPP n’est que la meilleure chose qui soit arrivée au pays. Certes, il existe toujours un certain trafic d’armes ou d’êtres humains, il est impossible de tout ôter au peuple sans causer d’effondrement économique grave, mais celui-ci est, comme tout les faits et gestes des Chinois, contrôlé par les politiques, et les inégalités sociales sont plus ou moins gommées, créant ainsi un pays lisse, au goût des américains et de leurs aides économiques, militaires et commerciales. Tout va pour le mieux dans le meilleur des Mondes du Milieu.

En Asie, hors Chine et Japon, la situation est mitigée. Si beaucoup de pays n’intéressent pour le moment pas les Etats-Unis et n’ont pas changé de régime, certains ont adopté le règne des caméras, comme ce fut le Cas de la Corée du Nord avant sa chute, et comme c’est toujours le cas pour Singapour. Cependant, même là, les choses ne sont pas simples. Si a Singapour même, la situation était plutôt calme, la tentative du gouvernement pour rallier les pays voisins pour créer la Grande Alliance de Singapour s’est soldée par l’installation d’une multitude de caméras, certes, mais aussi par de nombreuses guerres civiles qui ravagent cette partie de l’Asie, et ce malgré les soldats américains qui donnent leur vie pour aider la République Sécuritaire de Singapour au quotidien. Là-bas donc, les Etats-Unis sont bien présents, et cette part du monde promet de basculer prochainement pour une totale suprématie de la vidéosurveillance.

Il est assez étonnant de voir que le Japon, connu pour être le Pays de l’ordre et de la discipline, n’a pas suivi le modèle Américain, bien au contraire. En concluant des accords avec l’Europe, le Pays du Soleil Levant a signé le Nouveau Traité de Déclaration des Droits de l’Homme, promettant ainsi de ne jamais « infliger à sa population un contrôle totalitaire et de ne jamais lui imposer ni la tyrannie, ni l’embrigadement, ni aucune terreur que ce soit qui puisse ainsi la priver de ses droits fondamentaux ». Entre Megumi Harukawa, actuel président du Japon, et son égal à la tête des Etats-Unis, les échanges sont donc généralement houleux, et il est de notoriété publique que les laisser tous les deux seuls dans une pièce conduirait invariablement à la mort de l’un des deux dirigeants. Personne ne semble pour autant savoir qui des deux hommes y perdrait la vie. Alors certes, il y a des caméras au Japon, un certain nombre d’ailleurs. Mais en aucun cas, ces caméras ne servent à épier les japonais et japonaises, seulement à assister la police en cas de crime.

En Océanie et plus particulièrement en Australie, le combat fut rude. Si les petites îles n’ont pas cédé à l’influence Américaine, l’Australie a fini par céder, après de longues années de luttes entre les forces Anglaises et Américaines. Finalement, en 2017, le pays est rattaché aux Etats Unis, l’exemplaire du Traité destiné à être signé par le président brûlé, le politique enfermé à Staten Island, et le Parti unique voit le jour. En trois ans, ce sont vingt milles caméras que l’on installe à Melbourne et sur toute sa banlieue, et le reste du Pays suit le Mouvement, grâce à un « Prêt de normalisation » des Etats-Unis. Ainsi, si cette nouvelle nation est encore jeune, elle est maintenant totalement détachée du Commonwealth et est un allié infaillible du gouvernement Américain. L’Australie a choisi son camp, et aucune manifestation ne semble pouvoir ébranler son nouveau gouvernement. Rapidement, de grands établissements pénitentiaires ont été créés et la peine de mort rétablie pour les terroristes les plus menaçants.