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 Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme »

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AuteurMessage
Crow

Crow



✽ MESSAGES : 69
❈ ARRIVÉE : 01/02/2011

❈ LOCALISATION : Derrière ses écrans.



Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme » _
MessageSujet: Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme »   Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme » EmptyMar 8 Fév 2011 - 13:43




Crow


« La censure épargne les corbeaux et s'acharne sur les colombes. »

nom : Inconnu, même de lui. Non, ce n’est pas une vanne ou quoi que ce soit ; Crow ne connait réellement pas son identité.
prénom(s) : Tout comme son nom, aucun souvenir pour son prénom. Mais depuis quelques temps, il entend quelqu’un appeler un certain « Raphael » dans ses rêves.
pseudo : On l’appelle Crow.
âge : Si seulement il le savait… Disons 23 ou 24 ans.
lieu de naissance : Vous le faites exprès, hein ? Il possède cependant un petit accent lorsqu’il parle, trahissant une origine française plus ou moins lointaine.
métier : « L’homme à l’autre bout de l’oreillette » Lorsque les messagers vont en mission, c’est Crow qui les guide à travers la ville ou leur apporte toutes l’aide nécessaire.
groupe : Messagers.
situation amoureuse : Célibataire, jusqu’à preuve du contraire.
avatar : Chace Crawford.
crédit : Cyrine.






A propos


« La vertu, comme le corbeau, niche dans les ruines. Elle habite les creux et les rides du corps. »


Le silence. Il n’y a… que du silence. Pas une respiration. Pas un son. Même pas celui de mes propres veines ou quoi que ce soit. Rien… Pourquoi les sons ne sortent-ils pas de ma bouche ? Pourquoi ne parvins-je pas à me faire entendre ? Je hurle pourtant. Je sais que je hurle, car mon torse me fait mal et mes poumons se contractent sous l’absence d’air… Je sens même mes mains griffer quelque chose, à m’en écraser les doigts. Je sens comme du vent qui ébouriffe mes cheveux, alors qu’un liquide coule de mon visage et vient me barrer la vue. Je ne vois rien, ou presque. Des ombres. Des formes. C’est tellement flou.

Et du silence. Toujours.

On me touche. On me martèle la peau. On me secoue… Ma joue se colle contre une surface humide. C’est froid. J’essaye de me relever mais mes bras ne répondent pas. J’essaye de parler mais je n’entends que le sang battre sous mes tempes. J’essaye de voir mais mon regard est entaché de formes étranges. J’essaye de respirer mais mes poumons sont vides. Suis-je en train de mourir ? Suis-je déjà mort ?


Je me réveille en sursaut, suant et tremblant. Fébrilement, j’écarte les mèches qui se sont collées sur mon front, tentant tant bien que mal de reprendre mes esprits. Cherchant du bout des doigts l’interrupteur, la lumière fuse, m’obligeant à refermer les yeux quelques secondes. Mes paupières ne restent pas closes très longtemps, car la simple idée de me rendormir m’effraie à m’en glacer le sang. Je revois des images, les chasse avant qu’elles ne s’inscrivent, les fuis de tout mon être en me levant. Mes pieds trébuchent sur des vêtements jetés au sol, m’obligeant à me rattraper au mur pour ne pas me casser la figure. Mon front se cogne contre celui-ci, m’arrachant un grognement de mécontentement, puis un soupir de désespoir. Ne pas rester là. Ne pas rester…

Je sers les dents. La douleur revient, lancinante. Elle agresse ma mémoire, fauchant sur son passage le peu de souvenirs qu’il y reste, s’imposant comme d’une frontière maléfique à ne pas dépasser. Je le sais. Je le sais, bon sang, qu’il n’y a rien au-delà. Dix ans. Dix années. C’est tout ce qu’il me reste… J’enfouis mon visage dans mes mains, las. Ce n’est pas la première fois. Cela ne sera pas la dernière, et c’est justement ce qui m’effraie. Je voudrais que tout s’arrête.


.


Je me suis « réveillé ». Oui comme ça, un beau jour, j’ai ouvert les yeux sur le monde et je n’ai jamais pus le quitter. J’ai découvert un goût étrange dans ma bouche que je me suis empressé de recracher, essuyé une matière visqueuse qui m’empêchait d’y voir clair, et alors j’ai observé autour de moi : une ruelle. Enfin, un truc étrange entre un cul-de-sac et une déchetterie, tellement j’étais enseveli sur ce qui ressemblaient à des montagnes de sac poubelles. Je devais y traîner depuis un moment, mon nez ne parvenait pas à discerner la moindre odeur susceptible de m’indiquer la direction de l’air libre. Tatillonnant un peu autour de moi, je fis fuir quelques rats dans des couinements douloureux, poussant des déchets en essayant de trouver un équilibre certain. Où était le sol, dans ce bazar ? En poussant quelques sacs, je le trouvait. Enfin, mon nez le trouvait alors que je dégringolait de la pile pour le rejoindre. Grognement. J’entendis alors un nouveau bruit, s’ajoutant au bourdonnement qui emplissait mes oreilles : les battements de mon cœur. Cela signifiait-il que j’étais vivant ? Logique imparable, puisque je m’étais bougé tout seul, mais on peut m’accorder d’en douter à ce moment là.

Un homme à la carrure recroquevillée avait dû entendre le bruit, car il passa une tête timide de derrière une benne. C’était un gaillard rongé par sa barbe et les âges, dissimulé dans un imper’ glauque, avec une pipe en bois au bec ; il portait un vieux bonnet en laine où on pouvait encore lire ‘’Detroit Tigers’’ en lettres blanches, et les trous qui le perçaient laissaient deviner une chevelure en fin de vie. Je ne compris pas la première phrase qu’il me lança, ni la seconde. Bien trop occupé à tenter de me relever, il fallu qu’il se mette à se moquer pour qu’enfin ces mots remontent jusqu’à mes oreilles :

« Eh gamin, kessta fais pour t’pointer là ? T’as perdu contre la mafia ou quoi ? »

… Je relevais mes yeux clairs vers lui, prêt à lui répondre quand… ma bouche s’ouvrit sans aucun son pour la combler. Tremblant, tenant à peine sur les deux trucs qui me servaient de jambes, appuyé contre l’une des bennes pour rester à peu près droit, je me mis à réfléchir à toute vitesse. Qu’est-ce que je faisais là ? Pourquoi, d’ailleurs, est-ce que j’étais dans cet endroit ? Et quel était cet endroit ? Balbutiant, je me révélai rapidement incapable de lui répondre.

« … euh je… je… Quel jour on est ? »
« T’es tombé un peu trop fort ? On est le 10 février 2010 p’tiot. Serait t’être temps que tu r’tournes à l’école ? »

Le dix février deux mil dix… pourquoi cette date ne me disait rien ? Même pas un repère, une idée, rien. C’était comme si on venait de me demander si c’était mon numéro de téléphone, et que la personne me donnait complètement d’autres chiffres. C’était comme cet endroit, que je ne reconnaissais pas. D’ailleurs, qu’est-ce que je reconnaissais ? Je savais le nom des choses, mais pas celui de cet homme. Je ne savais pas ce que voulais dire l’inscription sur son bonnet. Je ne savais pas ce que signifiait cette date. Je ne savais pas si j’avais froid ou chaud… Y’avait comme quelque chose qui oubliait de fonctionner. Une erreur dans le programme ou la déduction. Mais quoi ?

« Eyh gamin… Ca va ? T’es tout pâlot, tu couves pas quequ’chose j’espère ! Pas envie d’choper la gale à mon âge ! »

Je secouai la tête, il recula quand même dans son abri d’infortune. Un chien aboya au loin, aussitôt suivi par un autre. Levant la tête vers le ciel, j’essayai de discerner la couleur de celui-ci : gris clair, tranchant avec les murs sombres et délabrés qui m’entouraient. Tranchant avec la nuit d’oiseaux sombres qui le zébra de part en part dans un bruit féroce. Je retint mon souffle devant ce spectacle monochrome, ne me rendant alors pas compte de la pluie qui commençait à tomber. Le tas de déchet fumait copieusement derrière moi, signe de la chaleureuse fermentation qui s’y déroulait ; sans doute ce qui m’avait tenu au chaud et à l’abri. Mais à l’abri de quoi ? Le vent me fouetta en pleine face, je frissonnai pour la première fois que je me souvienne. Je portait une maigre veste de sport à la teinte indéfinissable, trop légère pour tenir chaud dans un mois d’hiver. La pluie me frappa dans sa douceur glacée, enveloppant mon corps pour mieux l’étreindre. De frisson, je passai à grelottement.

« Eyh, ramènes-toi ! C’va être le déluge, rest’pas d’sous ! »

Fixant ce bonhomme qui m’appelait, je pris conscience d’un léger défaut : mon regard se tâchait de noir sur la droite. J’eu beau cligner les yeux, la lumière ne vînt pas éclairer tout cela. Misant cette erreur sur le compte du réveil, j’obéis sans me le faire dire deux fois. Faisant un pas en avant avec la plus grande difficulté qu’il m’eut été autorisé à connaître, je le fis rapidement suivre d’un deuxième, puis d’un troisième… jusqu’à rejoindre cet étranger à l’abri. Il tapota le sol de papiers journaux à côté de lui, comme pour m’indiquer où m’asseoir, puis retourna porter son attention sur le chien qui restait allongé à ses pieds. Je me laissai tomber dans un soupir douloureux, fermant les yeux quelques instants alors que le bourdonnement s’atténuait loin de mes oreilles.

La pluie. Juste le bruit de la pluie et du vent. J’essuyait d’un revers mon visage, entendant alors un grognement semblant venir du fond des entrailles de la terre. Surpris, je regardai autour de moi pour en trouver la source. Mais l’homme au bonnet coloré se mit à rire, avant de me tendre un maigre morceau de pain. Je considérai l’objet, le pris, et finis par le porter à ma bouche. Il avait un goût écœurant, mais je n’en dis rien ; préférant me taire que de critiquer celui qui m’acceptait sans me poser la moindre question. Ou presque.

« Au fait gamin, comment qu’tu t’appelles ? »

Je réalisai. La voilà, l’erreur. Le voilà, le dysfonctionnement. Qui étais-je ?
Même moi, à cet instant et encore aujourd’hui… je n’en ai aucune idée.


.


Je vole.

Je sais, c’est étrange de lire ce genre de choses, mais c’est vrai. Je vole. Je plane. Je flirt avec le vent et les oiseaux sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit… ou peut-être à la Terre ferme. Terre qui me semble bien loin en cet instant, alors qu’entre mes doigts se glisse une brise bien trop fraîche pour être réelle. J’ose fermer les yeux quelques instants, savourant la sensation de vide qui m’envahit, et m’attire inéluctablement vers le bas. Je sens alors la dureté du béton et de mon poids, m’affaisse avec souplesse pour glisser derrière le muret du toit, évite de justesse la chute alors que ma cheville par en vrille. J’ouvre les yeux, la bouche béante dans un soupir de surprise, alors que ma respiration se saccade dans un mélange de joie et de surprise. Il me faut de longues secondes pour reprendre mon souffle, secondes dont profite Flash pour me rejoindre sans la moindre petite erreur. Ce grand gaillard blond lève les bras pour s’étirer, comme si l’exploit que l’on venait de réaliser ressemblait au geste quotidien d’un matin tranquille, en ne pouvant s’empêcher de rire. J’aime l’entendre rire. C’est ce que je préfère entendre, je crois, dans ce monde que j’ai découvert.

Depuis que je suis « né », je ne me suis jamais senti aussi vivant que lorsque j’ai pu effectuer mon premier saut. Le premier passage, après les semaines d’entraînement et de déboires intenses. Le premier instant d’une vie pleine de danger qui m’a tout de suite enivrée. Non pas par son côté suicidaire, mais par cette liberté que l’on pouvait ressentir durant les millisecondes que duraient un saut. Un bond. Parfois de plusieurs mètres, qu’on nous apprenait à faire en compagnie d’autres jeunes (ou moins jeunes) ; et qu’on nous rabâchait sans cesse jusqu’à ce qu’ils soient parfaits. Qu’est-ce qu’on en avait à faire, qu’ils soient parfaits ? Une fois qu’on savait faire, ça suffisait, non ? Quel gosse stupide j’étais, loin de la réalité de la rue ou de quoi que ce soit. On nous en parlait, les autres nous racontaient, mais il n’y a vraiment que lorsqu’on l’a vécu que l’on peut savoir ce que cela fait. Une première fois. Un rite initiatique dont certains ne revenaient pas vivants. On hésitait, on visualisait la scène… et puis on se lançait. Soit ça passait, soit ça cassait. Mais dans tous les cas, cela restait inoubliable.

« Lambine pas Crow, on y est presque ! »

Je me contentai de sourire, remontant la fermeture de ma veste pour le suivre. Le temps se rafraîchissait désormais, alors que le début de l’automne se faisait sentir ; les sorties n’allaient plus être aisée, ni si régulière qu’en été. Profitant de ces derniers moments, nous prîmes de l’élan avant de nous élancer sur le toit qui jouxtant celui où nous nous trouvions, courant comme des forcenés à la recherche d’un butin. Descendre une échelle, passer une porte, descendre d’un étage pour en remonter trois, sortir à l’air libre, contourner les cheminées d’évacuation, se glisser dans les escaliers de secours pour atteindre le bâtiment d’en face, grimper jusqu’au toit suivant, et encore, et encore… encore. Jusqu’à atteindre notre but : la corniche.

Un immeuble un peu miteux, pas très haut ni en très bon état, mais qui nous offrait un panorama sans précédent sur les Narrows, au niveau de l’embouchure de l’Hudson. A notre droite le borough de Brooklyn ; et à notre gauche, feu Staten Island, désormais célèbre empire carcéral de notre chère et grande nation. En direct de la baie de New York, nous avions pris l’habitude de nous retrouver régulièrement ici lorsque l’envie de prendre l’air se faisait sentir. Nous étions aux portes de la ville, à la fois happés par celle-ci mais entraînés par l’appel de l’océan ; ne sachant que choisir et nous résolvant à stagner sur notre toit, une bière à la main. Si l’envie de jouer les filles de l’air nous prenait, la prison de Staten Island nous ramenait sur Terre. Si la sensation d’étouffer nous engourdissait, la baie nous rappelait qu’un autre chemin était possible. Que choisir ? Rester, s’enfuir, ou simplement sauter pour laisser le sort en décider ?

« Crow, tu m’fous la pétoche quand tu fais ça ! »
« T’as la pétoche alors qu’tu fais pareil ? Me prend pas pour une belette. »


Mais je descend du muret où j’étais en équilibre, me contentant de m’asseoir en laissant balancer mes pieds dans le vide. Flash soupir, amusé, puis boit une gorgée de la bière qu’il tient en main ; rare vestige des temps « d’avant ». Je tiens la mienne par le goulot, oscillant entre regarder en bas où elle pourrait atterrir, où fixer l’horizon qui se part de sa robe nocturne. Je respire une grande bouffée d’air, alors que les bourrasques maritimes qui viennent s’écraser au pied des bâtiments remontent de toute leur puissance agonisante jusqu’aux astres. Il fait frais. Il fait bon. Nous devons nous retenir de ne pas tomber en arrière ou en avant, mais nous nous en moquons. Nous bavardons comme deux enfants qui ne se seraient pas vu depuis des années. Deux enfants encore un peu trop innocents et téméraires, qui se permettent un dernier excès avant le retour des parents. Je sais que l’oreillette ne tardera pas à grésiller. J’imagine déjà d’ici la voix de Master pour nous sermonner et nous remonter les bretelles.

« Alors c’est vrai ? » Me demande Flash, sans cesser de fixer l’horizon.
« Quoi donc ? » Je feins l’ignorance. Il baisse la tête, je détourne la mienne.
« …Que tu arrêtes ? »

Je garde le silence. Non, je n’arrête pas, du moins, pas vraiment. On ne peut pas arrêter, pas de voler, pas d’appartenir à cette famille qui m’a recueillie il y a quatre ans. On ne cesse jamais ce genre de chose. Et ceux ne sont pas les chutes, les morts ou les blessures qui y changent quoi que ce soit. On… change. Oui, on change, c’est tout. Je crois. Je me mord l’intérieur de la joue, me demandant comment trouver une réponse à cette question pourtant simple.

« C’est Elle qui m’a mit au courant. Enfin, Mads qui l’a su et qui l’a dit à Coop’ qui l’a transmit à Elle, qui l’a glissé dans une conversation ce matin. Un vrai téléphone arabe, j’te l’accorde ; donc j’viens poser la question à la source. » Mon compagnon se décide à me regarder, marque de respect à laquelle je répond en faisant de même, ne pouvant retenir le soupire amusé qui traverse mes lèvres.

« J’arrête pas vraiment. Je suis… Je change de spécialité. » Fini-je par répondre. « J’ai demandé à Master de changer, il a accepté tout de suite. Il avait besoin d’prendre sa retraite, de toute façon. »
« Je sais qu’t’aimes bien ce vieux baratineur, mais de là à le remplacer… C’est à cause de c’qui c’est passé ? »


Je me contente d’hocher la tête, jouant distraitement avec la bouteille de verre sombre entre mes doigts. Mon ami n’ajoute rien à sa demande, et je lui en suit reconnaissant. Après tout, il n’y a rien à dire, non ? Très peu de gens sont au courant de toute manière, cela ne sert à rien de l’ébruiter ni de continuer la conversation. Je termine ma boisson en l’écoutant me raconter ses dernières frasques, casant un ou deux jeux de mots suffisamment pourris pour retrouver tous deux notre bonne humeur. Nous sommes deux idiots, mais nous nous assumons. Je sais que Flash a traversé des périodes très sombres dans sa vie, tout comme chacun de mes camarades, et je me remercie de pouvoir l’entendre rire encore et encore. La vie est injuste, pour beaucoup trop de gens. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans la mienne, j’aimerais le savoir, mais… des fois, je me dis que cela ne sert à rien. A quoi bon vouloir d’un passé si c’est pour justifier mon réveil dans une décharge ? Cela ne devait pas être très glorieux.

Alors qu’aujourd’hui, je suis Crow. J’ai choisi mon nom, ou plutôt, il m’a choisi. J’ai été admis dans une communauté dont j’ignorais l’existence. J’ai été entraîné. J’ai participé à des centaines d’activités ou de demandes. J’ai pris mon envol. J’ai effectué des missions. J’ai pas toujours réussi, mais j’men suis sorti vivant. J’ai tissé des liens indestructibles avec quelques uns. J’ai partagé des grandes joies comme des peines avec eux. J’ai volé… des dizaines et des centaines de fois. Pourtant, aujourd’hui, je raccroche mes ailes. A force d’avoir côtoyé Master, j’ai pu découvrir des talents cachés pour l’informatique qui m’apparaissent bien plus utiles que mes galipettes mal maîtrisées : de passages irréguliers, nous nous sommes finalement dit que ce serait la meilleure solution. Craquer un ordinateur n’est pas très difficile, mais intégrer le réseau de surveillance de l’état fut un défi des plus alléchant à remporter. Contrôler les caméras, être sûr que nos membres se déplaçaient dans les meilleurs condition possibles… La vie derrière des écrans n’étaient peut-être pas aussi glorieuse qu’au cœur de l’action, mais c’était celle que j’appréhendais désormais.

Aussi profitais-je de cette ‘dernière’ sortie en compagnie de mon ami, sans prétention ni quoi que ce soit. Le crépuscule n’annonce aucune bonne nouvelle que ce soit, mais je souris. Je souris quand même parce que je savoure cet instant loin de tout soucis. Loin des problèmes.

Nous sommes des Messagers. Et notre histoire… n’a pas terminée de s’écrire.


.


« Coucou Mads’moiselle ! J’espère que t’es en forme, on a un boulot Mads’gistral à rendre pour aujourd’hui ! »

Mon jeu de mot est pourri, je l’accorde. Même la messagère qui pouffe à demi grognon à l’autre bout me le confirme ! Conforté dans mon idée, je pianote quelques touches de mon clavier pour scinder l’un des écrans en deux et voir apparaître le joli visage de Mads. Elle attend plus ou moins sagement sur l’un des toits de notre belle ville que son coéquipier la rejoigne ; chose qu’il s’empresse de faire car monsieur Jo est en retard. Sans prendre le temps de discuter au delà d’une réplique pourrie sur sa ponctualité, le départ est lancé. Nous avons du temps, mais pas suffisamment pour le prendre ; la gestion du trajet, bien que faite en grande partie par nos logiciels espions, ne leur autorise pas le moindre retard quant aux moyens de surveillance. Et si je dois les suivre à distance par les fameuses caméras, c’est tout aussi bien pour m’assurer qu’on ne les y voit pas.

« Après l’escalier, attendez… encore… Jo’rais bien aimé vous faire économiser ces vingt secondes, mais on a eu un retardataire qui nous a chamboulé la Jo’rnée. Maintenant… ! »

Les voir ainsi se glisser au dessus de la population, tels des danseurs furtifs qui ne tirent leur salut que de leur discrétion. Ballet silencieux et aveugle, hors de portée du moindre appel ou regard, s’insinuant subtilement entre les mailles du filet pour mieux le resserrer. Ma chaise roule vers d’autres écrans, le son des touches résonnent sans que mes yeux ne se détournent de ce qu’ils voient. Prévoir. Pallier à toutes les éventualités pour n’obtenir aucune surprise, juste la sûreté d’un passage libre et clair.

Cela inclut connaître les cycles des caméras, repérer leurs angles d’attaque et de mort, trouver l’ordre de passage des relèves de police, s’assurer qu’aucun être vivant ne croise les messagers pendant le vol, détourner les attentions s’il en est besoin voire immobiliser les images vidéos quelques secondes. Il faut aussi compter sur de précieux fichiers et logiciels qui nous préviennent en temps réel des changements et des ordres reçus par la Police ou le gouvernement, et ne pas oublier de regarder le moindre recoin. La vie se joue parfois dans le détail, et un indice primordial peut mener à la perte ou à la victoire. Indices qu’avec le temps et les Accélérateurs, j’ai appris à repérer : les lignes de codes ont disparues pour laisser place à des images dans mon esprit, les chiffres et autres équations se font sans y penser, les chemins détours et autres raccourcis se dessinent plus vite que le plan informatique. Il faut toujours trouver des moyens détournés et/ou des portes de secours pour eux. Car le moindre danger peut surgir n’importe ou et surtout, n’importe quand.

Ils nous ont eu. Par surprise, mais ils nous ont eut : l’hélicoptère était hors de portée des écrans, non programmé dans les missions du gouvernement, mais il était surtout là pour eux. Quelqu’un avait dut les voir, et je m’en mordais déjà l’intérieur de la joue à l’idée d’une éventuelle erreur. Ca c’est passé très vite, j’ai juste eu le temps de changer le point de vue des caméras que le hoquet de Jo m’a vrillé les oreilles, alors que des coups de feu assourdissants se mettaient à résonner. J’ai cru comprendre un hurlement, j’ai vu brusquement toutes les constantes s’affoler à côté de moi, et la ligne de l’encéphalogramme s’est arrêtée nette. Jo n’a pas prononcé un seul mot de plus, seulement le bruit du fracas de son corps s’écrasant au sol sous ses os brisés, et le soupir sourd qui en résulta. La liaison a été coupée. Terminée. Pas le temps de réfléchir ni de comprendre, déjà la voix de Mads résonnait à l’autre bout de l’oreillette :

« C’est Jo… Il est… Il est… »

Je n’eu pas le courage de lui donner la suite, cherchant plutôt le moyen le plus rapide pour la faire déguerpir. Une porte, non loin. Cliquetis, la chaise qui roule, les écrans qui changent à toutes vitesse, les codes explosés, les images modifiées. Elle ne devait pas rester là.

« La porte a deux bonds sur la droite ! »

M’exclamais-je, tentant de garder mon calme alors que mon cerveau bouillait à cent à l’heure. Mes doigts tremblaient sous l’adrénaline, ainsi que sous l’action de la détresse. Prendre soin du messager encore vivant, mais s’occuper de couper toute liaison avec l’oiseau abattu avant qu’ils ne repèrent la liaison… Pas le temps de réfléchir, mon cerveau passa en mode automatique pour m’éviter toute autre erreur de jugement ou d’attention. Il fallait se dépêcher, ne pas s’attarder sur ce qu’il venait de se passer et frayer un chemin à la personne en danger à l’autre bout du fil. Ne pas perdre de vue l’objectif, et laisser les cadavres au gouvernement. Toujours fuir, ne pas se retourner ni hésiter. C’était un boulot horrible, je n’en étais pas au premier mort en mission, mais cette fois encore mon cœur sembla s’arrêter de battre. C’était tellement… violent. Imprévisible. Un coup de gâchette et les voilà en chute libre jusqu’au sol. Je n’osais imaginer la douleur et la stupeur qu’ils devaient ressentir, même si j’avais vécu avec eux cette fin en directe. Je frissonnai et mon front se mit à suer. *Garde ton calme, Crow…*

Mads courue, comme jamais je ne l’avais vu courir, mais aussi comme jamais je ne l’avais espéré. Les yeux rivés sur mes écrans, je lui fit faire un énorme détour pour éviter les grandes zones de circulation, passer par des étages et des zones couvertes au cas où leur hélicoptère reviendrait, frayer des chemins sous l’œil aveugle des caméras en prenant soin de dissimuler son passage. Elle arriva, vivante, jusqu’au bout de sa mission. Je la vis disparaître dans un bâtiment, me contentant d’en surveiller l’extérieur tout en poussant un soupir. Mon poing frappa la table et les claviers sursautèrent, alors qu’un juron pas très catholique traversait mes lèvres. Merde… On avait perdu. On en avait perdu un aujourd’hui. Et on ne pouvait même pas aller récupérer son corps, les autorités gouvernementales s’en étaient chargées. Jo était parti. Il avait effectué son dernier vol et ils l’avaient abattus les ailes déployées. Il était pas là depuis très longtemps, et le voilà déjà de retour au sol. J’en frémis, essayant de retrouver un calme qui m’était pourtant si familier.

Bordel… Pourquoi cela devait arriver ? Pourquoi n’avais-je pas vu l’hélicoptère sur les radars ? Pourquoi avais-je commis cette erreur ? Deux messagers avaient manqués de trouver la mort, et l’un d’eux l’avait percuté de plein fouet. Nous n’étions pas dans de grands effectifs déjà, mais là… J’entendis de drôles d’échanges dans l’oreillette, mais n’y accorda pas d’attention. Mads gérait comme elle voulait le relationnel avec nos demandeurs, j’étais trop agacé pour m’inquiéter du sort de la mâchoire de celui-ci.

Une main se posa sur mon épaule : Elle. Silencieuse, je ne savais pas depuis combien de temps elle était là, mais cela me força à respirer plus calmement. J’étais mal à l’aise. Je tremblais sans le remarquer, essuyai mon front d’un revers de poignet. Encore. Encore aujourd’hui, on avait réduit la communauté. Je n’entendis pas ce qu’elle murmura. Ce n’était pas important. Ce n’était jamais important, des paroles, contre un assassinat. Oui ça arrivait, mais voilà. Non. Non…

J’ai voulu être « l’homme au bout de l’oreillette ». Cela incluait d’être celui qui devrait aussi entendre les derniers râles d’agonie, ou décider de débrancher la liaison avant qu’on ne nous trouve.

« Ramène là à la maison. Un mort, c’est trop pour aujourd’hui. »

Me murmura Elle en passant ses bras autour de moi. Je fermai les yeux quelques instants, en hochant la tête, me laissant aller contre cette jeune femme que je ne comprenais jamais. Elle avait raison. Reviens Mads.

« Mads’moiselle, c’est pas que c’est l’heure du thé, mais on a des p’tits gâteaux qui vont refroidir. Donc, dis au revoir à ton nouveau copain et rapplique tes fesses. On t’attend. »

J’allais me faire insulter, mais qu’importe.
C’était surmontable…


.


« Comment c’est arrivé, cette fois ? »
« Glissé sur le rebord, il avait pas calculé que la pluie venait de cesser et il a dérapé. »
« Dommage… c’tait sa première ? »
« Deuxième. »


Coop’ resta silencieux, et je fis de même. Avachis sur la chaise roulante qui me servait de lieu de travail, je fixais un point invisible devant moi sans oser ajouter quoi que ce soit. Qu’y avait-il à ajouter, de toute façon ? Les mots étaient des fois tellement futiles et inutiles…

Notre compréhension allait au-delà de tout cela. C’était marqué, incrusté, gravé dans notre mémoire à chaque fois que cela arrivait, et ça refusait de s’effacer pour laisser la place à autre chose. Paraît que ça se lisait dans les regards, qu’il y avait comme une étincelle qui s’ajoutait en mémoire de ces âmes égarées, dernier vestige d’un souvenir effrité. Ils n’étaient pas nombreux à l’avoir vécu, encore moins à s’estimer suffisamment fort pour l’assumer, et aucun à le raconter ou oser en parler ouvertement. Nous étions curieux, mais pas malsains. Nous étions une famille, mais avec nos tabous. Nous étions en deuil, continuellement, et il fallait pourtant voir par delà les masques noirs : continuer à avancer, toujours faire mieux que les précédents, s’inspirer des erreurs pour pallier aux réussites. C’était comme ça ou nous pouvions dire adieu à notre « vocation ».

Il toussa, attirant mon attention vers lui. J’esquissai un sourire triste, il ne put retenir une petite pic gentille qui me chatouilla la cervelle, à laquelle je tentai de donner suite sans grand succès. Mon humour et mon sens de la répartie étaient proches du zéro absolu, je ne risquais pas de contrer qui que ce soit, et sûrement pas Coop’. Il me tendit l’une des canettes qu’il venait d’ouvrir, et j’en bus plusieurs longues gorgées avant de m’autoriser à respirer. Patiemment, mon ami vida la sienne en ne quittant pas des yeux l’un des écrans, où l’on pouvait distinguer une rambarde dégoulinante sous l’averse extérieure.

C’était l’endroit d’où était tombé Ohm quelques heures auparavant. On distinguait encore le gyrophare de la police gouvernementale, sans doute à la recherche de la moindre preuve qui pourrait indiquer notre position. Mais ils cherchaient en vain. Toujours en vain. Coop’ grimaça, jura dans sa barbe naissante une série d’insulte que je ne préférai pas retenir, puis éteignit l’écran. Pas d’autre forme de procès que celle-ci.

« J’me demande comment tu fais… »
« Et toi ? »


Il était le meilleur, il le savait. Sous son regard entendu, je ne pus m’empêcher de déceler malgré tout des pointes de lassitude ; comme si la mort devenait aussi régulière que la sortie du dernier NYT. Il avait perdu plusieurs coéquipiers, et pourtant était remonté sur les toits dès la première occasion ; bravant la douleur et le remord pour un message que quelqu’un d’autre aurait put remettre. Au moins cette fois, ou ces fois. Mais non. A chaque fois, il y retournait. Du moins… jusqu’à se que Coop’ se mettre à déconner.

La première fois c’était passé, tout comme la seconde et les cinq suivantes. A chaque fois il prétextait de la fatigue ou un empêchement. Il lui arrivait même de disparaître sans laisser la moindre trace, au-delà du champ des caméras ou des investigations des messagers. On le retrouvait quelques heures plus tard poursuivis par une myriade de policiers sans qu’aucune once de regret ou de culpabilité ne frôle son visage. Coop’ rentrait comme si de rien était après s’être fait tirer d’affaire, et recommençait. Paraît qu’il se moquait un peu de la figure du monde, mais ça, c’était Mads qui le disait. Elle disait tellement de choses d’ailleurs, comme jamais on ne l’avait entendue parler dans les locaux. Ca me faisais sourire intérieurement, même si la situation ne se prêtait pas à la plaisanterie. Elle râlait, pestait, criait même mais personne ne lui disait rien. Nous savions qu’elle avait raison, alors nous la laissions faire. C’était son droit de s’offusquer de l’inconscient et du danger.

Mads râla encore d’avantage lorsqu’elle découvrit que j’étais sorti. Que j’avais pris la place d’un Coop’ en désertion pour mener à bien la mission qu’il aurait dût effectuer. Je dois avouer que le fait de se retrouver de nouveau là-haut me fournit un tel frisson d’adrénaline que j’en tremblais encore une fois revenu ; les entraînements ne manquaient pas, mais l’action, elle, était irremplaçable. Swan m’avait remplacé à l’autre bout de l’oreillette, et cette jeune recrue s’était montrée à la hauteur pour éviter les soucis. Je pus de nouveau contempler le ciel sans avoir à passer par des écrans, respirer à plein poumon l’air pollué de la ville, sentir le vide sous mon corps et l’appât de la hauteur… et me rappeler à quel point ma place était derrière mon clavier.

Car si la jeune personne en charge de me guider ne me fis aucun commentaire lorsque je me fis surprendre par un groupe d’oiseaux, je compris que c’était parce qu’elle ne me connaissait pas. Je ne les avais pas vu, je ne parvenais pas toujours à distinguer du côté droit malgré l’attention et la concentration des années. Pas vu… malgré l’accélérateur. Inaperçu malgré la justesse de mon interlocutrice. Je connaissais chacun des messagers qui pouvait passer derrière mon écran. Je savais ses habitudes, sa façon de procéder, ses atouts comme ses faiblesses, ses capacités. Je connaissais tout cela par cœur et cela nous permettait d’éviter de nombreuses erreurs et de prendre des décisions adaptées. Swan ignorait que je ne voyait rien à droite, voilà pourquoi elle m’avait fait passer par ces toits ; et ce n’était que la connaissance du terrain qui m’avait évité un mauvais pas.

Je crois que c’est cette fois là que j’ai réellement prit conscience du rôle que l’on m’avait confié. Être apte à guider quelqu’un par la seule force d’écrans et de mémoire… pour lui éviter la mort. J’eus un frisson glacé qui me secoua l’échine en le réalisant, alors que je subissais sans mot dire les réprimandes de mon amie. De toute façon, je n’aurais pas osé hausser le ton pour m’expliquer, préférant attendre calmement qu’elle m’accorde la parole de son plein gré. Ce qu’elle fit rapidement, me laissant expliquer qu’il le fallait, que nous devions continuer nos actions malgré tout, que Coop’ devait se reposer et que je n’avais pas souhaité déranger les autres. Elle s’insurgea alors que Flash nous rejoignait, mais je ne démordis pas. Pas question de leur rajouter du travail pour quelqu’un d’autre. Nous pouvions nous débrouiller, tant que la mission était effectuée, je ne voyais pas le problème.

J’étais moi aussi un Messager, non ?


.


La vie.

Un terme bien utopique pour désigner l’existence qui était la mienne. Non pas que j’avais à me plaindre, j’étais mieux lotis que bon nombre ici, mais je ne parvenais pas toujours à lui donner tout le sens que je devais. Toute l’attention qu’elle nécessitait. Développer toute la force qu’elle était capable de me donner. Je n’en connaissais qu’un bout, dix petites années qui m’avaient enrichis de souvenirs autrefois taris, sans pour autant me permettre d’en connaître d’avantage. Je ne sais de moi que ce que j’en ai vu, ce que j’ai pu en faire ces derniers temps, et rien d’autre. Je ne sait pas quel enfant je pouvais être, si j’avais une famille, si j’avais grandi comme ces mômes modèles ou si j’en avais fait voir de toutes les couleurs à mes proches, si j’avais ou non des diplômes… voir même si j’avais une identité propre. Après tout, je pouvais tout aussi bien n’être personne. Un simple visage sans nom ni appartenance. Rien que d’y penser, mon sang se glaça.

J’ai cherché. Cela pour sûr j’ai cherché. Durant des mois, et aujourd’hui encore je fouille et inspecte chaque dossier, anales, archive ou quoi que ce soit qui pourrait se rapporter au mois de février 2010. Mais il n’y a rien. Pas la moindre trace d’un adolescent disparu ou quoi que ce soit. Pas le moindre avis de recherche qui pourrait me ressembler. Aucune photo existante qui pourrait me ressembler. Que dalle. Niet. Comme si je n’avais aucune existence avant cette date. Ou bien comme si l’on m’avait effacé ; et je sais de quoi je parle, je me charge de supprimer toutes traces de mes proches pour qu’on ne les identifie jamais. Mais pourquoi aurait-on voulu me faire oublier ? Je n’étais pas un messager, personne ne me connaissait avant, même dans les autres groupes. Qui était-je qu’il faille me faire disparaître ? Qu’avais-je donc commis de si horrible pour représenter une menace sur la société ? Etait-ce elle qui avait d’ailleurs voulu me faire disparaître ? Je ne comprenais rien. Alors je frappai. Je frappai cette table qui ne m’avait rien fait, avant de me lever pour dégourdir mes jambes endolories. Aérer mon esprit.

« … Encore ? » Fit la voix de Flash dans mon dos.

Surpris, je me retournai vivement, avant de secouer la tête et dénégation. Je poussai un soupir en le voyant accoudé à ma porte, son air nonchalant dissimulant sans doute une inquiétude plus profonde. Je fus soudain honteux de mon comportement égoïste, m’excusant inconsciemment de ce trait de caractère qui m’empêchait de me concentrer sur ceux qui en avaient d’avantage besoin. C’est vrai que mon ami n’était pas du tout dans une bonne position : on avait vu son visage. Lors de l’assassinat de Donovan, il s’était fait surprendre et, malgré la fuite rapide, rien ne laissait croire qu’on l’oublierait aussi facilement. D’ailleurs, le gouvernement avait carrément lancé un programme sur les Messagers, visant à tous nous éradiquer sans autre forme de procès ; incluant des missions plus périlleuses à cause du renforcement de la sécurité. Il avait fait changer son système de sécurité beaucoup plus de fois que d’ordinaire, croyant sans doute que je n’arriverais pas à le déjouer, mais cela ne dissimulait pas la peur qui en résultait. Le gouvernement allait mettre les bouchées doubles… Donc oui, niveau problèmes, il était plus à plaindre que moi. Pourtant Flash était là, fidèle à son post et prêt à reprendre ses missions. Je secouai la tête de nouveau.

« Toujours rien. »
« Pourquoi tu continues, si cela fait dix piges que tu trouves rien ? »


Je laissai un silence avant de répondre :

« Parce que j’espère qu’un jour, quelqu’un fera l’erreur de laisser filtrer une information. Et ce jour là, j’serais le premier à la choper pour explorer la faille. »

Il pousse un soupir amusé, avant de se redresser pour disparaître dans le couloir.

« Tant mieux, mais j’en attendais pas moins du gars derrière l’oreillette. »

Cela me fit rire, légèrement. Pas suffisamment pour rester, mais au moins pour détendre quelques secondes. Je possédais tellement de questions sans réponses, d’interrogations inabouties, de sensations inconscientes qui me guidaient tout doucement vers l’inconnu. Au départ elles n’avaient été que murmures, puis elles s’étaient faites paroles avant de se reconvertir en cris. Elles appelaient, imploraient une compréhension que je pouvais pas encore leur fournir. Alors elles attaquaient. Toutes griffes dehors, elles hantaient le moindre de mes songes pour m’imposer leur présence sans pouvoir en réchapper ; mélangeant passé et présent, vécu et rêvé, probable et improbable dans un cocktail loin d’être sobre. Une part de moi luttait, refusait de leur accorder raison pour garder cette existence que j’avais désormais ; mais l’autre région de mon être suppliait à genoux de savoir. Comprendre. Connaître. Se souvenir. Pour enfin sombrer dans la folie libératrice et ne jamais en remonter.

Car quand on découvre la réalité, on ne peut plus s’en débarrasser.







C'est à vous !


« MA présentation »


pseudo : Noah.
prénom(s) : Appelez-moi Noah, ça suffira.
âge : 20 ans, tout rond.
comment nous as-tu découvert ? Par Luce.
présence sur le forum : Régulière.
Un mot pour finir ? han non, même moi j'dois m'y coller ? °A°



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Crow

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Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme » _
MessageSujet: Re: Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme »   Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme » EmptyMar 22 Fév 2011 - 15:09

& voilà, fiche terminée Laughing
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Mads

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MessageSujet: Re: Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme »   Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme » EmptyMar 22 Fév 2011 - 16:38

Aaah tu sais c'que j'en pense !
J'ai adoré la lire du début jusqu'à la fin I love you
Et je veux mon RP *mouahaha*
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MessageSujet: Re: Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme »   Crow . « La mémoire est le pire ennemi de l'Homme » Empty

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